Le Commerce du père P.O.L (2009)
Mon père a été pendant trente ans « le quincaillier de la grand-place ». Que j’aie préféré, moi, son fils unique, l’écriture, le chômage et les petits boulots à un emploi stable l’a blessé et nous a éloignés l’un de l’autre. Nous nous sommes quittés ainsi et j’en serais peut-être resté là si je n’avais découvert un jour, par hasard, ses premiers carnets de commerce et son agenda de l’année 1965. Cet hommage pudique d’un fils à son père est bouleversant de sobriété et de netteté affective.
C’est un petit livre bien plus émouvant que ne le laisse penser l’apparente froideur des chiffres qu’il égrène dans ses premières pages. Comme son quincaillier de père, le narrateur tient le journal de sa vie avec la rigueur d’un livre de comptes. Puis vient le moment où il s’essaie à la fiction, avec maladresse, mais sans céder au découragement. Ses mots se libèrent peu à peu, tout comme son père, autrefois, à apprivoiser une syntaxe défaillante pour passer ses commandes dans les carnets de livraison retrouvés par son fils… Pour cette autofiction, Patrice Robin s’est gardé de tout effet inutile. Le style est précis, juste, dévoilant le trajet intime d’un fils vers son père que l’on pourrait résumer ainsi : peut-on prétendre à la création sans s’être mis en paix avec soi-même et avec les siens ? Bruno Bouvet, La Croix
La presse écrite :